C’est le sinistre le plus fréquent pour les assureurs et particuliers et pourtant, il est en chute libre depuis le début du confinement. Le dégât des eaux, qui touche principalement les immeubles en copropriétés, se fait de plus en plus rare : “Nous constatons une baisse de 30% à 50% du nombre de ces sinistres dans le cadre d’assurance multirisque habitation depuis quelques semaines, assure Olivier Vergues, directeur commercial du groupe d’expertise Prunay. D’une part car les assurés restent chez eux, et sont donc plus attentif à la moindre anomalie, mais aussi parce qu’en cette période incertaine, ils peuvent considérer que leur dossier a peu de chance d’être traité à court terme.”

Que le client en soit victime ou à l’origine, les assurances prennent en charge les conséquences liées à la fuite d’eau, si cette dernière venait à endommager meubles, murs et sols. En revanche, les contrats ne prennent pas en charge les réparations (plombier notamment) qui restent à votre charge. Pour être indemnisé, il est nécessaire qu’un expert se rende sur les lieux pour évaluer la ou les pièces sinistrées, ainsi que pour chiffrer les dégâts causés. L’assurance ne s’occupera de votre cas une fois qu’elle sera averti. Une signification sous forme de lettre ou par un formulaire en ligne est donc nécessaire. Elle devra notamment comporter le numéro de contrat, une estimation des meubles ou objets détruits, la description des dommages ainsi que les dégâts causés à un tiers. En ces temps de confinement, impossible cependant pour les experts de visiter en personne un bien et ainsi rédiger leur rapport en vue d’établir un devis pour les réparations.

Téléphone, vidéoconférence ou constatation automatisée

Des alternatives existent ainsi. La quasi totalité des acteurs de l’assurance fournissent déjà des solutions à distance pour les particuliers “Tout dépendra alors du montant du sinistre”, poursuit Olivier Vergues. La typologie est la suivante : les petits sinistres inférieurs à environ 2.000 euros peuvent ainsi être traités par téléphone, avec un expert au bout du fil. Il suffit alors de renseigner à l’oral toutes les informations nécessaires à l’estimation : pièce, taille, matériaux etc. Encore plus simple, Eurexo, société d’expertise (filiale de Prunay, 200.000 expertises annuelles) auprès des assurances, permet depuis 2017 à l’assuré de déclarer son sinistre sur l’application dédiée, puis d’être indemnisé automatiquement et immédiatement, le tout sans aucune intervention humaine. L’assurance qui a adopté la solution s’assure pour cela, par quelques questions préalables, que le sinistre se cantonne à une pièce et ne nécessite pas d’indemnisation trop élevée. Aviva ainsi que Groupama Paris Val de Loire ont adopté cette solution pour leurs clients. De son côté, la jeune assurance habitation Luko permet aussi à l’assuré de filmer via un appel vidéo ses dommages, avec la promesse de débuter le remboursement “dans les deux heures” si les sinistres ne sont pas importants. Allianz a même développé l’expertise par drone, pour inspecter ainsi les bien présentant un risque d’effondrement.

Dès que le sinistre dépasse la barre des 2.000 euros, et si le montant n’excède pas 5.000 euros, l’assurance mandate un expert pour s’assurer de l’absence de fraude. Des applications connues comme Zoom sont utilisées pour effectuer cette expertise à distance. Pour cela, l’assuré devra prendre les mesures des murs et la pièce lui-même, zoomer ou dézoomer selon les besoins de l’assurance. “Dans tous les cas, l’expert guide l’assuré”, poursuit le directeur commercial de Prunay. Au delà de 5.000 euros, La téléexpertise est toujours possible, mais rien ne garantit en revanche qu’elle suffira. “Si on prend l’exemple d’un faux plafonds, on ne vas pas demander à l’assuré de l’inspecteur et lui faire prendre des risques. Il faudra alors décaler le remboursement lorsque le confinement sera allégé, poursuit Olivier Vergues. On espère un retour au 4 mai, mais on pourrait aussi attendre jusqu’au 15.”

Que vous passiez par une procédure classique ou à distance, les conditions de l’indemnisation ne varient évidemment pas. Plusieurs cas de figures sont à considérer, explique Maya Dupas, responsable de la communication du comparateur Hyperassur. Si vous êtes la victime, c’est l’assureur du logement sinistré qui est chargé de gérer le problème. “Il désigne également les assureurs qui rembourseront les dégâts. Depuis le 1er juin 2018, il existe la convention IRSI, qui permet aux assureurs de gérer entre eux les dommages inférieurs à 5 000 euros.” précise-t-elle.

La copropriété aussi est assurée

Pour savoir si vous êtes responsable, il faut se référer à votre statut (locataire ou propriétaire). La responsabilité du propriétaire est engagée s’il loue son logement et qu’un dégât des eaux trouve son origine dans un vice de construction ou dans un défaut d’entretien qui lui incombe. On pense par exemple à la canalisation. A l’inverse, la responsabilité du locataire est engagée lorsque le sinistre est lié au manque d’entretien des éléments dont il a la charge. La robinetterie de cuisine et salle de bain, l’évacuation de l’eau, ou encore les WC. Dès lors que vous êtes responsable, votre assurance couvrira vos dégâts en remboursant l’assurance de la victime. A l’inverse, si vous êtes la victime, votre assurance vous avancera l’argent de l’indemnisation pour vous protéger le plus rapidement possible, avant de se faire rembourser auprès de l’organisme d’assurance du responsable du dégât.

Enfin, dernier cas de figure : la copropriété rentre en jeu. Si cette dernière est à l’origine d’un dégât, à cause des tuyauteries des parties communes, c’est bien au syndic de copropriété de contacter un plombier. Si son rapport d’intervention confirme l’origine de la fuite, la victime “doit se tourner vers l’assureur de la copropriété pour obtenir une indemnisation. Les deux assureurs peuvent appliquer la convention CIDRE”, précise Maya Dupas. En effet, c’est généralement l’assurance de la victime qui joue pour permettre de verser rapidement les indemnités liées aux dommages, avant de se faire rembourser, plus tard, par l’assurance de la copropriété.

Alexandre Loukil – Capital – 01/04/2020

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