Cela fait trois années que la France assiste à une importante vague de sécheresse. Cet incident climatique a déjà coûté plus d’un milliard d’euros en France en 2018 ; s’il est pour l’instant impossible d’estimer le coût de la sécheresse en 2020, la note devrait être au moins aussi importante.
2020, une troisième année consécutive de sécheresse
2018, 2019… 2020 n’a pas échappé à la règle : l’été a connu d’importantes sécheresses, et les conséquences impliquées (dégâts agricoles, fissures…). Toutefois, il reste impossible d’en estimer le coût, les assureurs étant toujours en traitement des sinistres de ces deux années précédentes. Pour que les sinistres liés à la sécheresse de l’été 2020 soit traités, il faudra attendre que les communes concernées soient reconnues en état de catastrophe naturelle par la commission interministérielle en charge.
« Contrairement aux inondations pour lesquelles l’arrêté de catastrophe naturelle est pris une semaine après la survenance du sinistre, la reconnaissance de la sécheresse demande beaucoup plus de temps. Les arrêtés sont publiés 6 mois, voire un an après », explique Martin Lucas, directeur régional sud-ouest et référent sécheresse pour Eurexo, une société d’expertise.
À savoir qu’en 2018, le coût des sinistres liés à la sécheresse est estimé entre 1,1 et 1,3 milliards d’euros et ont concerné quelque 4 056 communes, d’après la Caisse centrale de réassurance (CCR). En 2019, « seulement » 2 170 communes avaient été concernées par cette sécheresse dévastatrice et la déclaration de cat’ nat’ (régime de catastrophe naturelle). Le coût estimé se situe entre 700 et 950 millions d’euros… pour le moment. En effet, la CCR avertit, ce sont « des chiffres encore susceptibles d’évoluer ». Et au niveau mondial, le coût de la sinistralité climatique en 2019 dépasse allègrement la centaine de milliards d’euros.
Ainsi, il faudra attendre l’année 2021 pour que soient publiés les arrêtés et déclarations de sinistres. « Nous n’avons pas encore de visibilité sur 2020, nous ignorons encore combien de communes vont demander la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle. En revanche, nous constatons que le phénomène vécu en 2017, 2018 et 2019 se reproduit de manière encore plus intense », informe Martin Lucas.
Pour l’été 2020, la sécheresse a touché des régions épargnées par le passé
Et si l’on a du mal à estimer le coût des sinistres sécheresse pour 2020, on sait que certaines régions, habituellement épargnées, ont été touchées. Certains départements tels que l’Aveyron ont vu leur cultures céréalières particulièrement touchées cette année. Le Nord Ouest ainsi que le Nord Est avec des départements comme la Haute-Marne ou l’Allier, ainsi que certaines communes normandes ont été concernées.
Dans le Nord, la sécheresse entraîne un phénomène de retrait et gonflement des sols argileux qui fissure les murs des habitations. Dans certaines communes, le régime cat’ nat’ n’a pas été accordé, les fissures et dégâts entraînés étant peu visibles. Mais dans quelques cas, ces fissures ont évoluées et ont même pu mettre à mal la solidité de l’habitation, engendrant, pour les exemples les plus extrêmes, des expulsions.
Faut-il une réforme du régime cat’ nat’ pour la sécheresse ?
Et pour certains, les déclarations de cat’ nat’ ne dépendent pas que des caprices du climat. « Il ne faut pas oublier la dimension politique qui entre en jeu dans ce système. Il existe, certes, des critères techniques comme le sol argileux et le taux d’humidité des sols superficiels… mais, dans certaines communes administrées par un sénateur-maire important, la publication de l’arrêté prend curieusement moins de temps qu’ailleurs… », confie une « source bien informée » à l’Argus de l’Assurance.
Ainsi, certains demandent une clarification du processus de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle. « Le processus existant s’applique bien aux inondations et aux séismes, mais pour la sécheresse il serait plus logique de laisser l’analyse des sinistres à la main des experts, qui n’ont pas besoin d’un arrêté pour déterminer la cause du sinistre et sa gravité. Il y aurait, certes, plus de déclarations à traiter mais on écarterait le risque de refus », propose par exemple le référent sécheresse d’Eurexo.
assurland.com – Théophile Robert – 25/08/2020
Eglantine de Cossé Brissac
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